Chapitre 1 : La boutique

Mariana avait une petite boutique Rue de la Paix qui s’appelait : Au Royaume des fées. Elle l’adorait. Elle l’avait fait décorer par un artiste. C’était le domaine de fées. Elles se baladaient sur les murs de la boutique, certaines étaient cachées derrière une feuille, d’autres formaient une ronde, une était endormie sur un champignon, une autre dans une coquille de noix. . C’était son monde à elle. Le monde où elle se sentait à l’aise. Un de ses clients lui avait même dit une fois que si une fée se perdait ou avait besoin d'aide, ce serait ici qu'elle viendrait la chercher et qu'elle s'y trouevrait comme chez elle.Ses clients s’y plaisaient aussi tellement qu’elle avait décidé de créer, attenant à sa boutique, un petit espace en plein air dans le jardin où les amoureux des fées pouvaient se réunir et discuter pendant des heures. Si vous ouvriez bien l’œil, vous auriez pu voir caché derrière une violette une petite fée qui vous observez. "Que d’heures agréables ai-je passé dans cet endroit", se disait-elle souvent. Elle l’avait décoré presque entièrement seule. Ca n’avait pas été facile mais c’était le rêve de sa vie et elle l’avait réalisé. Elle retrouvait toujours la même magie quand elle arrivait devant sa boutique et qu’elle voyait cette grande fée majestueuse qui invitait les clients à entrer dans son Royaume avec un regard doux et bienveillant. « Je suis heureuse et j’adore ma vie ! », ne pouvait-elle s’empêcher de dire parfois à voix haute avec un sourire de satisfaction. Seul point noir au tableau, elle était seule. Elle, qui avait toujours cru à l’amour, ne l’avait pas encore trouvé. Elle avait toujours rêvé du grand amour mais n’avait jamais trouvé personne qui lui correspondait entièrement. « Il ne faut jamais dire jamais… » se répétait-elle souvent mentalement. Lui venait généralement après à l’esprit cette boutade : « On ne sait jamais, peut-être au coin de la prochaine rue… Et bien non, raté ! » Et elle pouffait de rire.

Chapitre 2 : La rencontre

Ce jour-là, il pleuvait des trombes et peu de gens osaient sortir. Si elle n’habitait pas au-dessus de sa boutique, elle ne serait pas sortie de chez elle. Elle avait même pensé à fermer et à rentrer chez elle, à se mettre bien au chaud sous la couette pour lire le dernier roman de Mac Allen qu’elle n’avait pas eu le temps d'ouvrir depuis qu’elle l’avait acheté la semaine dernière. Mais ce fut en prenant son sac sur le comptoir qu’elle remarqua la pile de lettres qui s’étaient accumulées depuis la semaine dernière. Elle reposa donc son sac et ne pouvant réprimer un soupir, elle commença à les trier. Elle avait décidé de répondre en priorité aux lettres les plus urgentes. Le tri terminé, il restait encore beaucoup de courrier, entre les factures à payer et les réponses de commande, elle ne savait déjà plus où donnait de la tête. Elle regrettait souvent, quand elle était au pied du mur et qu’elle devait traiter son courrier, de ne malheureusement pas pouvoir tout faire sur le net. « C’est bien dommage! », se lamentait-elle souvent. C'était devenu son leitmotiv, une plaine incessante qu'elle poussait tant qu'elle n'avait pas achevé son courrier.
Assise derrière son comptoir, elle prit son courage à deux mains et commença à répondre aux nombreuses lettres qu’elle avait mises de côté. Une heure et demie plus tard, le plus gros avait été fait et elle s’autorisa une petite pause bien méritée. Elle regarda vers l’extérieur et remarqua que la pluie avait cessé de tomber et que le soleil commençait timidement à sortir. "Des clients viendraient peut-être après tout", se dit-elle. Elle se leva, s’étira longuement puis se dirigea vers la bouilloire. C’est alors qu’elle la vit... Debout en face d’elle, derrière la vitrine, une jeune fille regardait dans le vide. Elle avait un air si désespéré que Mariana ne savait pas si elle pouvait lui sourire voire même bouger. Elle ne voulait pas la faire fuir et ne savait pas comment lui venir en aide. La jeune fille était trempée jusqu’aux os et paraissait extrêmement fatiguée. Elle était très pâle. Sa pâleur était accentuée par ses cheveux d'un roux terne qui lui tombaient platement sur les épaules. Ses grands yeux d'un vert tellement sombre qu'il semblait viré au noir, étaient cernés et gonflés. Elle paraissait avoir pleuré. Elle esquissa un mouvement. Elle semblait avoir aperçu quelque chose dans le magasin dont elle ne pouvait détourner les yeux. Elle le fixait depuis un moment quand une profonde douleur se peigna sur son visage, elle s’écroula. C’est à ce moment que Mariana osa bouger. Elle se précipita vers la jeune fille pour l’aider. Cette dernière, évanouie, semblait sous le coup d’une forte émotion bien que Mariana ne comprenait pas et ne voyait pas ce qui avait pu, dans sa boutique, lui causer une pareille émotion. Elle transporta la jeune fille qui s’avéra aussi légère qu’une plume et la déposa sur le canapé qui servait d’habitude à ses lecteurs passionnés qui dès le livre acheté ne pouvaient s’empêcher de commencer à le lire. La jeune fille était brûlante. Mariana décida de la monter dans son appartement. Elle prit la décision de fermer la boutique. Elle se dirigea vers la porte et mit le petit panneau de bois à l'intention de ses improbables visiteurs où il était écrit au centre en gros caractère « Fermé » et juste en dessous en plus petit : « Pour cause : Partie au Royaume des fées. » Une petite plaisanterie qu’aimaient particulièrement ses clients. Elle ne la mettait qu’en de rares occasions, lorsqu’elle partait en vacances, quand elle était très malade et lors d’occasions exceptionnelles et c’en était une. Tant pis pour les affaires, soupira-t-elle, ce n’était vraiment pas le jour de toute façon.
A suivre ...
Marypistache