Chapitre 11 : La Fée Hanaëlle

Mariana se sentait défaillir à nouveau, mais elle fut retenue par deux bras puissants. Dès qu’il avait compris qu’elle allait de nouveau s’évanouir, il s’était levé précipitamment pour la récupérer. Il comprenait sa surprise et son émotion dont il était en partie responsable. N’était-ce pas à cause de lui qu’elle devait vivre tous ces changements ? Mariana rouvrit les yeux et plongea une fois de plus son regard dans ces yeux gris clair. Il la regardait avec douceur et avec une légère pointe d’inquiétude dans le regard. Mais qu’avait-elle à s’évanouir à tout de champ ? Il fallait qu’elle retrouve ses esprits et la raison. La raison, elle pensait bel et bien l’avoir perdue pour de bon. Hanaëlle, une fée ! Elle aura tout entendu aujourd’hui ! Il fallait surtout qu’elle sorte vite de ces bras même si c’était la première fois qu’elle se sentait aussi bien. C’est tout de même un inconnu, pensa-t-elle . Chose étrange, Hanaëlle semblait le connaître. Elle reprit une contenance.
- Assez plaisanter ! venons-en aux choses sérieuses.
Mariana ne pouvait admettre qu’Hanaëlle était une fée. Même si elle voulait y croire… c’était impossible qu’une fée soit aussi grande et n’ait pas d’ailes !
- Mais je suis très sérieux, répondit posément l’homme aux magnifiques yeux gris. Pardonnez mon impolitesse, je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Anauel.
Ca me fait une belle jambe, ne put-elle s’empêcher de penser. C’est peu commun comme prénom, aussi mystérieux que son possesseur, se dit-elle.
- Premièrement, Hanaëlle n’a pas l’air d’une fée. Deuxièmement où sont ses ailes, troisièmement, elle n’est pas un peu grande pour une fée et enfin quatrièmement pour finir… Arrêtons avec ces sornettes ! dit-elle en se jetant sur le canapé.
Hanaëlle regarda Anauel qui ne semblait pas inquiet. Il avait un petit sourire en coin et semblait s’amuser de l’incrédulité de Mariana. Il lui jeta un regard comme pour lui donner le feu vert. Il lui permettait d’enfreindre les règles. Hanaëlle ne se fit pas prier deux fois et elle allait exaucer tous les vœux de Mariana. Il lui fallait un peu de concentration pour faire réapparaître ses ailes. Cela faisait des mois qu’elle ne les avait pas faire apparaître et elle prit quelques minutes pour y parvenir. Sous ses yeux, Mariana vit apparaître derrière la jeune fille deux magnifiques ailes translucides et scintillantes. Elle n’en croyait pas ses yeux, son cœur ne l’avait pas trompé. Hanaëlle était belle et bien une fée. Hanaëlle ne voulait pas s’arrêtait en si bon chemin, elle allait retrouver sa taille réelle quand Anauel l’en empêcha.
- Nous n’avons plus de temps à perdre, déclara-t-il d’une voix forte. Votre père et le Royaume courent un grave danger, Princesse, et vous seule, pouvez les aider.
Hanaëlle regarda Mariana qui n’avait pas dit un mot depuis un certain temps et allait parler quand Mariana déclara d’un ton solennel :Il est des choses qui n’attendent pas, Princesse Hanaëlle.


Chapitre 12 : Révélations sur les parents d’Hanaëlle

Anauel regarda avec étonnement Mariana, il avait pensé qu’il lui aurait fallu plus de temps pour admettre l’évidence. Il s’était même attendu à ce qu’elle perde connaissance une fois de plus. Elle avait su le surprendre. Mariana pouvait lire de la stupéfaction dans le regard de l’homme à la stature imposante. Sa stature et ses longs cheveux gris
donnaient l’impression qu’Anauel était un homme d’âge mûr alors qu’en réalité , il était à peine plus âgé que Mariana. Ayant retrouvé ses esprits, il poursuivit :
-Votre père était fou de douleur à la mort de votre mère. Vous aviez toujours pensé que votre mère était une fée. Mais en réalité, votre mère était une humaine. C’était une artiste et elle adorait peindre des paysages.
Votre père l’avait rencontrée un jour alors qu’elle peignait un magnifique soleil couchant, non loin du Royaume des fées. Il était tombé
immédiatement sous son charme et venait la voir tous les jours. Votre mère était fort belle, il est vrai.
Hanaëlle pouvait comprendre ce que son père avait éprouvé. N’avait-elle pas vécu la même chose avec Oran.
- Par amour pour lui, elle l’avait suivi dans son monde et abandonna le sien.
Elle n’avait aucune famille et vivait seule dans une petite cabane dans la forêt. Elle accepta par amour d’assumer la charge royale et de devenir Reine. Votre mère était faite pour être régner, tout comme vous. Votre père était fou de douleur à sa mort, même s’il savait que son espérance de vie était limitée. Etant une ancienne humaine, elle vivrait peut-être centenaire ans alors que lui vivrait pratiquement le double. Ils le savaient tous les deux et avaient accepté le sacrifice. Votre père était le futur Roi et il ne pouvait abandonner son trône. Il était le seul héritier du trône. Quand il apprit que vous étiez tombée amoureuse d’un humain. Il fut fou de douleur. Il ne voulait pas que vous vivez la même chose que lui et préféra vous chasser pour que vous ne fassiez pas la même erreur que lui. Il voulait que vous soyez heureuse et que vous n’ayez aucun regret lorsque vous quitteriez définitivement le Royaume des fées pour le monde des hommes. Il savait que chez les humains, votre espérance de vie serait pratiquement identique à celle de votre amant. Il a beaucoup souffert de votre séparation et ne se sentant plus le courage de gouverner depuis votre départ. Il a délégué peu à peu ses pouvoirs, en faveur de votre cousin Manfred
- Quoi, à cet être cupide et avide de pouvoir, s’écria-t-elle
- Il a su se montrer compréhensif et à l’écoute. Votre père a été dupé. Il est maintenu enfermé quelque part dans le château et Manfred s’apprête à prendre le pouvoir.
- Mais, il ne le peut pas ! s’exclama-t-elle. Il n’a aucun droit !
- Si, il le peut. Il a en sa possession le Sceptre Royal et le Sceau du Pouvoir. Il ne lui manque plus que…
- L’Anneau sacré qui le liera définitivement au trône, dit Hanaëlle dans un souffle.
- Oui, c’est bien ça. Mais pour le moment personne ne sait où il est.
Hanaëlle souleva la chaîne qu’elle portait autour du coup et ils virent apparaître deux anneaux dont un d’or fin sur lequel était incrusté une pierre qui brillait de mille feux. Ils restèrent tous sans voix. Hanaëlle prit la parole et s’expliqua:
- C’était la bague préférée de ma mère. Je ne pouvais pas partir sans la prendre. Je voulais garder un souvenir d’elle et de mon monde. Je savais que Père ne s’apercevrait pas de sa disparition avant l’intronisation d’un nouveau couple royal. Mais, je ne pensais que cela arriverait aussitôt.
- Bien plus tôt que vous ne le pensez, Princesse. Manfred est à votre recherche. Il désire faire de vous, sa reine pour accéder légitimement au trône.
- Mais, je ne veux pas ! dit elle avec dégoût.
- Il vous forcera. Il est rusé. Sûrement en échange de la vie de votre père, qu’il tient enfermé dans un endroit connu seulement de lui et de quelques-uns de ses fidèles serviteurs. Mais, poursuivit-il, s’il vous trouve , il trouvera également l’anneau et alors, plus personne ne pourra s’opposer à sa volonté. Et vous n’aurez plus le choix…
- Mais personne ne s’inquiète pour mon père, s’indigna-t-elle.
- Manfred a fait dire qu’il vous avait retrouvée et qu’il était parti vous rejoindre. Il a ajouté que ,par décret spécial, votre père lui avait délégué les pleins pouvoirs en son absence.
- Votre père l’avait déjà fait à de maintes occasions et personne ne se doute de rien. De plus, personne ne connaît Manfred à la cour. Il a été élevé loin du Royaume et a su tromper tout le monde. Il sera devenu Roi avant que quelqu’un découvre la machination et personne ne peut la dévoiler à part…
- Moi. C’est ça, Anauel.
- Oui, j’en ai bien peur.
- Il faut agir vite et bien. De quel aide disposez-vous ?
- Quelques serviteurs fidèles du Roi et vos amis proches. Je suis venu seul pour ne pas éveiller les soupçons. Votre cousin a mis en place une milice qui surveille vos amis de très près. Il sait que vous êtes la seule à pouvoir vous opposer à lui si vous parvenez à dénoncer sa supercherie. C’est pour cette raison qu’il tient tant à faire de vous sa femme. Vous serez pieds et poings liés. Il vous menacera ou menacera un de vos proches, que sais-je. On ne sait pas de quoi il est capable !
- Retournez au palais et convoquez tout le monde : Je rentre chez moi.
- Soyez la bienvenue, Ma Reine.
- Attendez un peu, Anauel…
- Non, Majesté. L’enjeu est trop important. C’est l’avenir de notre monde qui est en jeu.
Mariana n’en croyait pas ses oreilles. Elle savait bien qu’Hanaëlle était une fée, la future reine du Royaume des fées… mais elle n’arrivait toujours pas à réaliser que tout ceci était réel. Hanaëlle se tourna enfin vers elle et lui adressa la parole pour la première fois depuis le début de la conversation :
- Voulez –vous bien m’aider ?
- Ne t’ai-je pas dit que je serais toujours là pour toi.
La jeune femme lui sauta au cou en la remerciant.
- Hola ! Ce n’est pas une attitude pour une future Reine.
- Tu ne vas pas t’y mettre, toi aussi, répliqua-t-elle
Et elles se mirent à rire. Anauel, voyant qu’Hanaëlle était entre de bonnes mains, s’apprêtait à partir. Il les regarda une dernière fois et sourit. Il ne put s’empêcher de penser qu’Hanaëlle ferait une Reine formidable. Il allait prendre congé quand il entendit une voix lui dire :
- Tu ne vas pas t’enfuir, tout de même.
Hanaëlle le regardait avec un air coquin.
- Tu restes te reposer ce soir, si cela ne dérange pas Mariana. Demain tu repartiras. J’ai envie que tu me donnes des nouvelles du pays.
Mariana ne pouvait lui refuser ce plaisir. Même si son appartement n’était pas très grand, elle trouverait bien un endroit pour la caller. C’était la première fois qu’elle voyait Hanaëlle aussi heureuse. Anauel lui adressa un regard reconnaissant. Il remerciait le ciel qu’Hanaëlle ait été recueillie par Mariana qu’il trouvait aussi séduisante que compréhensive.