Chapitre 16 :Révélations sur le monde des fées

Oran était depuis plusieurs semaines au chevet de son frère et ne voulait pas le quitter. Son frère avait toujours le sens de l’humour et ce malgré le mal inconnu dont il souffrait. Oran se forçait à sourire à ses plaisanteries, mais le cœur n’y était pas. Ils étaient en train de parler de chose et d’autre quand leur père entra dans la chambre, le regard sombre. Seul Oran pouvait le voir. Les pieds du lit avaient été mis en face de la fenêtre qui donnait sur la colline environnante. De son lit, Ceydric pouvait voir la nature, comme il l’avait souhaité. Oran regardait fixement son père tandis que Ceydric était plongé dans ce qu’il racontait .La tristesse se lisait dans son regard. Une barbe naissante lui creusait encore plus les traits. Oran ne put s’empêcher de lire sur son visage sa profonde angoisse. Sa physionomie changea tout à coup, il ne voulait pas que son fils puisse lire ses sentiments réels. Il fit un signe de tête à Oran qui se leva, embrassa son frère en lui disant qu’il lui raconterait l’histoire des trois gnomes plus tard. Son père prit sa place et prit la main de son fils. Oran était encore dans la pièce et les observait. Il n’arrivait pas à sortir de la chambre, il avait peur que son frère ne soit plus là quand il reviendrait… Narwel voyant le désarroi de son dernier fils lui adressa la parole :
- Oran , ta mère a besoin de toi dans la cuisine. Elle t’attend.
- Oui, père. J’y vais de ce pas, répondit-il, sorti de ses sombres pensées par la voix de son père.
Il sortit de la pièce et ferma la porte qui s’entrebâilla. Il allait la refermer quand il entendit son père parler. La curiosité fut la plus forte. Cela faisait des semaines qu’il ne venait au chevet de Ceydric que pendant son sommeil. Il ne disait rien, regardait simplement son fils aîné endormi de longues heures d’affilées. Il pouvait même rester une nuit entière. Il s’était enfin décidé à lui parler, mais de quoi se demandait maintenant Oran.
- Fils…
- Oui, père, dit dans un filet de voix Ceydric. Il semblait maintenant épuisé.
- J’ai des révélations à te faire sur tes origines, sur moi, sur mon passé…
Oran n’en croyait pas ses oreilles, qu’entendait-il par là ?
- Je ne comprends pas. N’êtes-vous pas le fils d’un riche érudit qui a passé sa vie à rassembler des œuvres sur le monde des fées.
- C’est en partie vrai… Un long silence suivit cette courte réplique. C’est Narwel qui reprit :
- Je dois t’avouer autre chose. Je crois que tu es en droit de savoir.
Ceydric ne répondit rien. Il hocha simplement la tête en regardant intensément son père. Il savait que son père venait le voir la nuit durant son sommeil. Il l’avait aperçu entre deux réveils. Il semblait perplexe et inquiet. Ceydric avait peur de mourir, mais ne voulait pas y penser. Il préférait montrer une face souriante pour ne pas inquiéter ses proches, ne pas leur transmettre ces doutes qui les effleuraient tous, en vérité.
- Vois-tu ce que le monde que tu vois dans tes rêves existent vraiment. C’est de là que je viens. C’est le monde des fées.
- Je savais qu’il existait, j’en étais certain, murmura Ceydric dans un sourire.
- Ton frère ne le sait pas. Je ne suis pas sûr qu’il le comprendrait.
- Papa, parle-moi de ce monde que j’aime tant… Narwel sourit et se mit à parler. Pendant ce temps, Oran était comme statufié. Père, un être féerique ? Le Monde des Fées ? Il était envahi de questions. Se ressaisissant, il se dit qu’il y trouverait peut-être le moyen de sauver son frère. Les jambes flageolantes, il marcha en direction la cuisine. Sa mère était-elle au courant ? Sûrement, son père lui disait tout. Sa mère, le voyant si pâle, l’obligea à s’asseoir et lui servit du thé et des biscuits, tout juste sortis du four. Elle savait que son mari devait avouer la vérité à Ceydric… Oran en aurait-il trop entendu ? Ce n’était pas à elle de lui dire la vérité. Si Narwel avait décidé de leur cacher ses origines contre sa volonté, elle n’y pouvait rien. Il lui avait néanmoins promis de leur dire la vérité quand le moment serait venu. Il était venu malheureusement dans un contexte bien sombre. Oran avait repris des couleurs, ce qui la rassurait. Elle savait que si son fils était au cours, il se lancerait à la recherche d’une solution, quitte à s’aventurer seul dans un monde inconnu. A la pensée de la visite imminente d’Anauel, « son troisième fils » comme elle aimait l’appeler, elle se tranquillisa. Il lui servirait de guide et ensemble, peut-être arriverait-il à sauver Ceydric. Faire la cuisine lui avait toujours remonté le moral. Et pourquoi ne pas préparer le plats préféré de Ceydric ? Cette décision prise, elle se mit aux fourneaux, laissant un père et son fils s’abandonner aux joies des retrouvailles et un autre perdu dans ses pensées.