Chapitre 14 : L’histoire de Manfred

Manfred était au comble du bonheur, tout se passait à merveille. Il était devenu en peut de temps le seul confident du Roi Elohim qui n’avait confiance qu’en lui. Il avait su faire oublier le comportement désastreux qu’avait eu son père en tentant de s’emparer du trône. Il avait fait amende honorable à la place de ses parents. Toute son enfance s’était déroulé hors du Royaume des fées dont ses parents avaient été exclus. Mais son rêve était d’en devenir le chef. Il voulait venger l’affront qu’on avait fait subir à ses parents. Son père n’avait jamais plus était le même après cet échec. Cet homme ambitieux était devenu une « loque » aux yeux de son fils. En réalité, lui et sa femme avait décidé de changer de vie et ils étaient devenus fermiers. Ils aimaient beaucoup leur nouvelle vie et ne regrettait pas vraiment l’ancienne faite de complots et de mensonges. Il menait à présent une vie calme et honnête et pouvait enfin offrir à leur unique fils un foyer chaleureux et uni. Manfred n’était pas du tout de cet avis. Il regrettait le faste du palais, son père n’était-il pas le frère du Roi ? Pourquoi devrait-il vivre si loin du Royaume et dans cette ferme minable ? Il n’avait jamais révélé à ses parents toute la rancœur qu’il avait cumulée au cours des années. A la mort de ses parents, dans un tragique accident, il fut rapatrié au Royaume. Il n’avait pas d’autre famille que le Roi et ce dernier ne pouvait pas laisser un jeune homme du même âge que sa fille sans famille.
Manfred était donc venu vivre au palais et était tombé fou amoureux de sa cousine Hanaëlle, une splendide rousse de seize ans qui avait un caractère de feu. Dès le premier regard, il avait perçu de l’hostilité dans le sien, elle semblait avoir perçu sa véritable nature. Toute la cour le trouvait courtois, sage et réservé. Il avait l’allure d’un chef : une stature imposante, des cheveux noirs, un regard sombre à la fois profond et troublant, une voix grave qui savait être aussi douce qu’autoritaire. Des bruits même courraient à la Cour : on voyait en lui, le futur Roi, ce que l’appui du Roi Elohim avait confirmé par la suite. Il était enfin sur le trône mais ce n’était que provisoire. Il avait de nombreux partisans qui connaissaient ses noirs desseins et étaient devenus des serviteurs dévoués. Reprendre ce qui lui était dû était son leitmotiv. C'était son père qui aurait dû devenir Roi mais il en avait décidé autrement. Leur père, son grand-père, avait trouvé son fils aîné trop attiré par le pouvoir, il savait qu’il aimait comploter et était au courant de ses ruses pour obtenir ce qu’il désirait. Ce dernier était devenu encore plus dangereux depuis qu’il avait rencontré Dame Maybelle, la mère de Manfred, une femme à la beauté du diable, et des plus ambitieuses. Il avait donc préféré à son fils aîné, son petit frère Elohim, plus sage, qui savait être juste et apprécié vraiment la beauté et la magie du Royaume. C’est ce qui avait poussé Mébahel à comploter contre son propre frère, pour l’empêcher de devenir Roi. Il y était presque parvenu sans l’intervention de son père, qui connaissant son fils aîné s’attendait à une machination de ce genre. Mébahel fut exclu à jamais du Royaume des fées et Elohim fut proclamé Roi à dix-sept ans . De son bannissement, Mébahel ne se remit jamais. Il avait entraîné dans sa chute sa future femme, Dame Maryelle. Cela faisait plus d’une heure que Manfred était perdu dans ses pensées quand il reçut une missive de l’Ambassadeur du Royaume des fées. Il attendit d’être seul pour la lire. Le serviteur parti, il la lut attentivement et la déchira avec fureur. Qui était-il pour mettre en péril son plan ? Qui était ce Nawel ? Un gêneur qu’il faudra penser à éliminer. Manfred se remit de sa fureur et décida de répondre à la missive de ce Nawel en l’assurant que tout allait bien et que le Roi lui avait fait parvenir des nouvelles rassurantes et prometteuses. Il savait que sa milice ne tarderait pas à trouver Hanaëlle qui deviendrait qu’elle le veuille ou non sa femme. Manfred ne put s’empêcher de sourire à cette idée. Elle ferait une superbe Reine… Il appela un messager qui partirait sur le champ délivrait la missive. Quand il se retrouva seul, il ne put réprimer un frisson de satisfaction, il ne lui manquait plus que l’Anneau sacré pour être un Roi à part entière et il savait où le trouvait. Hanaëlle n’avait-elle pas avouer un jour sans le vouloir que c’était le bijou qu’elle préférait, celui qui lui rappelait sa mère ? Et qu’aurait-elle pu emporter avec elle avant de s’enfuir ? La seule chose qui comptait le plus pour elle… L’anneau. Il en était certain quand il la retrouverait, il retrouverait l’Anneau sacré. Un rire machiavélique tordit affreusement son beau visage.