Parmi les nombreuses publications parues à Noël en ce début du mois de décembre 1920 en Grande-Bretagne, une couverture attirait particulièrement l'attention : « Un événement qui fera date : des photos de fées ». En trois jours, tous les exemplaires du Strand Magazine étaient vendus, arrachés par un public curieux. Les lecteurs y découvrirent les photos prises dans un vallon du Yorshire d’Elsie Wright, 13 ans, et de sa cousine Frances Griffiths, 11 ans, en compagnie de nombreuses fées.Des photos pour preuveLes photos avaient été prises en 1917 après que les parents d'Elsie, fatigués d'entendre ses histoires de fées au fond du jardin, lui avaient donné un appareil Midg à plaques pour qu'elle puisse leur rapporter des preuves. Elsie avait pris la photo et s'était installée dans le placard que son père utilisait comme chambre noire ; un sourire triomphant avait éclairé son visage lorsqu'elle avait développé le cliché prouvant l'existence de ses amies les fées. Puis elle avait pris et développé une seconde photo. Les Wright n'étaient pourtant pas convaincus de la bonne foi de leur fille. Les négatifs furent jetés au fond d'un tiroir où ils restèrent pendant trois ans, jusqu'à ce que la mère d'Elsie se rende à une conférence sur les fées. Peu de temps après, les photos et les négatifs furent envoyés à Edward Gardner, un expert en photographie. Tout d'abord sceptique, ce dernier emporta les négatifs chez différents professionnels. Le premier, H. Snelling, de Wealdstone dans le comté de Middlesex, déclara : « Ces négatifs sont authentiques, ils n'ont pas été truqués, ont été soumis à une seule exposition et pris en plein air ; toutes les fées qui y figurent ont été prises en mouvement et il n'y a pas la moindre trace de retouche en studio avec des maquettes en papier ou en carton, des fonds noirs, des silhouettes peintes et autres artifices. » Les photographes du siège de Kodak à Londres furent moins catégoriques. Sans affirmer qu’il s’agissait de faux, ils ne certifièrent pas non plus que les photos étaient authentiques. Gardner rendit visite aux Wright à Cottingley, dans le Yorshire. Ceux-ci acceptèrent que les photos soient publiées mais s'opposèrent à ce que leur identité soit divulguée et refusèrent l'argent qui leur était offert. Les deux principales raisons qui auraient pu les pousser à inventer cette histoire – la renommée et la fortune- ne purent être reconnus contre eux. De plus, les deux jeunes filles présentaient des signes de médiumnité, ce qui expliquait pourquoi elles étaient les seules à pouvoir voir les fées. Gardner décida alors d'écrire un article en collaboration avec sir Arthur Conan Doyle, père de Sherlock Holmes et fervent adepte du surnaturel, article qui parut dans Strand Magazine. Conan Doyle rédigea ensuite « l’Arrivée des Fées », qui fut publiée en 1922. Peu de temps après, les experts émirent des doutes quant à l'authenticité des photos, laissant Conan Doyle sous les feux du ridicule. Elsie refusa d'avouer la supercherie pendant 60 ans.Faux et autres visionsEn admettant que les photos de Cottingley aient été des faux, les journaux reçurent, à l'époque, un déluge de lettres de gens affirmant avoir vu des fées. Depuis l’île de Man, le révérend Arnold J. Holmes écrivit : « ...soudain, mon cheval s'arrêta net et, en face de moi, je vis à travers l'obscurité et les rayons de lune brumeux ce qui me semblait être une petite armée de silhouettes indistinctes, minuscules, et vêtues d'habits de tulle. » Madame Hardy, de Nouvelle-Zélande, raconta qu'alors qu'elle rentrait son linge à la nuit tombante, elle entendit un bruit de sabots. « J'ai regardé autour de moi et j'ai vu que j'étais entourée par huit ou dix minuscules personnages montés sur de tout petits poneys comme des Shetlands nains... Les personnages avaient le visage brun et leurs poneys étaient eux aussi bruns. S'ils portaient des vêtements, ils devaient être très près du corps, comme des combinaisons d'enfants. Ils avaient la taille de minuscules nains ou d'enfants de deux ans, environ".